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La pelouse nouveau genre

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La pelouse nouveau genre

Quand on parle de paysage nord-américain, on parle nécessairement de parterre vert, parfaitement coupé, impeccable.

Il fut un temps où parler de pelouse biologique ne voulait être entendu de presque personne.  Depuis l’adoption du code de gestion des pesticides, tous les herbicides composés d’ingrédients actifs nocifs pour la santé et l’environnement sont interdits. Ceux qui rêvent d’une pelouse verte, douce et exempte de mauvaises herbes font face à un défi de taille à cause d’une réalité de monoculture sans aide chimique. La monoculture n’a rien de naturel et est donc utopique.

Qu’est-ce qu’une monoculture?

C’est la production à grande échelle d’une même plante. Ce type de production entraîne l’épuisement des sols. Une plante nécessite un type de nutrition spécifique pour assurer sa survie. Disons que les graminées qui composent la tourbe pourraient engendrer une carence en azote dans le sol. Par contre une pelouse diversifiée, tondue plus haute, sera en meilleure santé et, par conséquent, moins sujette aux maladies. Il y aura aussi moins de vers blancs qui sont friands des racines des graminées.

Des « mauvaises herbes » bénéfiques

Ce que l’on nomme ici des mauvaises herbes sont en fait des plantes indigènes qui assurent leur suivie dans un médium qui leur est propice. Une mauvaise herbe n’est pas mauvaise ou nocive en soi, c’est simplement qu’elle pousse là où on ne le désire pas, à l’endroit que l’on n’a pas choisi. D’où vient cette notion de pelouse parfaite? Le proverbe « l’herbe est toujours plus verte chez le voisin »  indique bien le comportement visant le perfectionnisme de notre société et l’importance de l’herbe au Québec. Mais cet objectif a quelque peu faussé notre jugement. Visons le jour où les gens utiliseront plutôt le dicton «  la pelouse est plus diversifiée chez le voisin ».

Supposons que vous souhaiteriez garnir votre cour arrière de gazon. Vous pourriez opter pour la pelouse en plaques afin de couvrir une bonne partie de la superficie et assurer un passage à la cour plus rapide par la densité et l’enracinement vif des plaques. Vous pourriez aussi les distancer de quelques pouces ou centimètres, emplir ces interstices de bon terreau et ensemencer quelques végétaux propices à l’ensoleillement, au type de sol et aussi à vos goûts. Cette technique pourrait être un bon départ pour un virage écologique et durable de votre pelouse.

Quelques bons candidats 

lysimachia

Lysimachia

trèfle

Le trèfle

Le trèfle blanc est un candidat tout indiqué. Il fait partie de la famille des légumineuses et a la capacité de transformer l’azote de l’air en azote minéral assimilable. L’azote est un élément de base essentiel à la bonne santé des végétaux tout comme le phosphore et le potassium. De plus, il ne souffre pas d’être rabattu par la tondeuse. Pour les endroits ombragés, le lysimaque et le muguet sont aussi de bons élus. Enfin, pour les endroits secs et ensoleillés, le thym est un bon aspirant ainsi que la menthe. Les choix sont très variés, parlez avec un professionnel d’horticulture, il vous guidera vers la combinaison idéale.

Une foule de bonnes raisons d’opter pour la polyculture

Avez-vous déjà marché en forêt? Avez-vous remarqué la multitude de végétaux, d’animaux et le sentiment d’équilibre et de sérénité qui y règne? Rien ne vous empêche d’avoir un parterre vert, mais composé d’une biodiversité floristique. Un espace de rassemblement où il fait bon vivre, pique-niquer, jouer au ballon, c’est ça la pelouse !

Initialement, les parterres de verdure provenaient des champs de nos grands-parents qui, pelousepour faciliter le jeu des enfants, fauchaient une petite section de leur pré. L’acharnement des pelouses parfaites provient donc d’un désir de partager nos expériences plaisantes et d’une volonté d’offrir le meilleur. Alors, rendons-nous au bout de notre réflexion. Laissons la perfection esthétique de côté et ramenons-nous à l’essentiel, soit la joie et le partage, tout en nous rappelant notre rôle dans la protection de cette grande et belle nature.

Déjà, couper la pelouse peut prendre une heure par semaine. La maintenir en parfaite santé demande énormément de temps, d’énergie et d’argent par l’amendement, le carottage, le déchaumage, les fertilisations, le semis et l’arrosage.

La polyculture vous permettra aussi de diminuer votre consommation d’eau. En effet, une biodiversité végétale nécessite beaucoup moins d’eau qu’une monoculture de fétuques, qui elles peuvent consommer plus de 45 000 litres d’eau par été pour 1000 pieds carrés !

Vous contribuerez également à diminuer la pollution par la coupe moins fréquente. Conservez votre parterre un peu plus long (3 pouces ou 10 cm), mais coupez-le régulièrement en laissant les résidus au sol. Ces derniers se décomposeront et contribueront à l’amendement naturel de votre parterre.  Avec une couverture écologique, l’ajout de fertilisants n’étant plus nécessaire, vous protégerez la santé générale des êtres vivants en plus d’économiser du temps et de l’argent.

Les îlots de chaleur sont créés par l’augmentation de la température causée par les interventions humaines sur la nature. Les toits verts en zone urbaine sont un moyen efficace pour réduire ce problème. L’engouement pour les surfaces de pavés préfabriqués et les surfaces goudronnées pour contrer l’entretien de la pelouse d’autrefois n’est pas une solution durable. Un bon moyen de prévenir les îlots de chaleur en banlieue est donc de conserver une parcelle vivante. La pelouse écologique est tout indiquée pour offrir une solution gagnante en tous points.

Vous participerez ainsi à la diversité naturelle des organismes vivants. Un petit geste pour une grande cause. Car, avec une pelouse de polyculture, vous aiderez à la réintégration des pollinisateurs ce qui est un sérieux enjeu pour notre avenir et celui des générations futures.

pelouseVous aurez ainsi plus de temps pour les loisirs et vos proches. Laissez l’amour pour vos enfants gagner sur la guerre de voisins. Profitez de votre pelouse nouveau genre et ne soyez plus l’esclave du gazon traditionnel. Faites place au changement et troquez la pelouse toujours plus verte et parfaite pour une biodiversité floristique bénéfique pour la santé générale des êtres vivants, des générations futures et de la planète. Prenez le virage vert.

Bon printemps !

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